L’été est finalement arrivé et l’équipe de la section Musique du Daily Mars est partie se faire implanter des souvenirs de vacances factices chez Rekall ou effectuer une retraite de méditation Jedi sur Dagobah. Mais nos sympathiques rédacteurs vous ont laissé leur collection de capsules temporelles pour que vous puissiez vous faire une idée de ce à quoi le monde de la musique ressemblait il y a 10, 20, 30 ou 40 ans.
Chaque mercredi de cet été, le Daily Mars vous propose un dossier en deux parties. Dans chaque second chapitre, nous faisons un petit retour en arrière sur une bande originale de film (et un morceau en particulier) emblématique des années 1976, 86, 96 et 2006.
Concluons cette série estivale qu’est Et 6 l’été m’était conté… dans la cendre, le paranormal et un petit cocorico, car ça ne fait jamais de mal ! C’est notre Christophe Gans national qui réalisa cette année-là l’adaptation du célèbre jeu vidéo Silent Hill. Le monsieur a eu l’intelligence et le bon goût de prendre le compositeur original de la saga Akira Yamaoka dans cette aventure. Il est épaulé par le canadien Jeff Danna, plus familier au médium cinématographique, pour adapter ses thèmes au grand écran.
Pour se rafraîchir la mémoire, voici le pitch du film. Sharon (Jodelle Ferland), une enfant adoptée, parle durant ses crises de somnambulisme d’un endroit nommé Silent Hill. Sa mère, Rose (Radha Mitchell), décide contre l’avis de son mari Christopher (Sean Bean), d’emmener sa fille dans cette ville à l’histoire trouble. Après un accident de voiture, Rose, Sharon, ainsi que Cybil Bennett (Laurie Holden), une motarde de la police qui les avait suivies par suspicion, se retrouvent dans Silent Hill. En reprenant connaissance, Rose découvre que sa fille n’est plus à ses côtés. Elle suit alors une étrange jeune fille et bascule dans une dimension de cauchemar, après avoir entendu une sirène menaçante.
Enjoy the Silent
Travaillant pour la société de jeu vidéo Konami, le compositeur japonais Akira Yamaoka se retrouve en 1999 sur le projet Silent Hill. Dans ce premier épisode de la série, il décide de mêler des ambiances sonores étranges et torturées à la musique elle-même. Il prend le parti très original alors, de suggérer la peur au joueur par ce mélange entre sound design (habillage sonore) et compositions musicales. Il stimule l’imagination par l’étrangeté de ses sons, suggérant des émotions plus horribles que ce qui est montré à l’écran.
Des bruits de métal, de machines industrielles, de frottements, des coups frappés sur différentes matières puis retravaillés ensuite s‘entremêlent avec des nappes synthétiques distordues, de la guitare acoustique et électrique, et des rythmes électroniques aux tendances trip-hop. Une véritable esthétique originale sonore est créée.
À partir du jeu Silent Hill 2 (2001), Yamaoka travaille beaucoup plus sur les mélodies tout en poursuivant ses expérimentations sur la matière audio. Les instruments acoustiques sont aussi plus présents, comme la batterie qui est maintenant jouée et enregistrée en studio. Il en résulte une bande originale plus accessible que la précédente et considérée comme une référence incontournable dans le monde vidéoludique.
C’est d’ailleurs sur ce deuxième volet que le film emprunte beaucoup de matériel musical. C’est par exemple le cas du magnifique thème au piano de Promise (Reprise) ou de l’emblématique atmosphère de White Noiz.
Le compositeur Jeff Danna intervient plus en tant qu’arrangeur car son rôle est de collaborer avec Akira Yamaoka dans le but d’adapter ses musiques, initialement composées pour le jeu vidéo, au cinéma. Il a auparavant travaillé en tant que cocompositeur sur Tideland, réalisé par Terry Gilliam en 2005 et Resident Evil: Apocalypse.
Du jeu au film
À l’origine rédacteur en chef du magazine Starfix, Christophe Gans se lance dans la réalisation et se fait vite remarquer grâce à son film Crying Freeman sorti en 1995. Son style esthétique a l’originalité de beaucoup emprunter au monde de la bande dessinée et du jeu vidéo. Après Le Pacte des loups (2001), cela lui donne une réelle légitimité pour se lancer dans l’adaptation de Silent Hill sur grand écran.
Pour l’aider dans l’écriture du scénario, il fait appel à Roger Avary, déjà coscénariste avec Quentin Tarantino de True Romance et Pulp Fiction. Les deux hommes s’inspirent des histoires et de l’univers de la série de jeux tout en insufflant une trame originale.
À sa sortie en salle, Silent Hill reçoit des avis très divers. Mais c’est avec le poids des années qu’il sera considéré par beaucoup, et malgré certaines faiblesses scénaristiques, comme la meilleure adaptation en film d’un jeu vidéo. Il faut dire qu’entre les ratages que furent les Résident Evil, Tomb Raider, Mario Bros et Prince of Persia (pour ne citer qu’eux), les spectateurs des salles obscures n’ont pas vraiment été gâtés !
Les films et leurs partitions en cet été 2006
Hans Zimmer remet le cap sur les Caraïbes pour la musique du deuxième volet des aventures du pirate Jack Sparrow, sorti le 2 août. Pour cela, il s’entoure d’une équipe de moussaillons de la composition : Henry Jackman, Nick Glennie-Smith, Geoff Zanelli, Trevor Morris, Lorne Balfe, Tom Gire et John Sponsler.
François-Eudes Chanfrault (disparu cette année à l’âge de 41 ans des suites d’un cancer) nous glace le sang avec ses compositions pour le remake du film de Wes Craven, La Colline à des yeux, réalisé par Alexandre Aja.
Le britannique John Murphy fait ami-ami avec les deux flics emblématiques des années 80, adaptés au cinéma par le producteur exécutif de la série qui n’est autre que Michael Mann.
Bonus
Finissons par le jeu vidéo, avec une œuvre importante de cette année 2006, Hitman: Blood Money, développé par IO Interactive. En dehors de ses qualités célébrées par la critique et les joueurs, soulignons ici la présence d’un des grands compositeurs de ce média : Jesper Kyd. Si vous êtes un gamer, vous avez à coup sûr entendu son travail car il est l’auteur des musiques d’Assassin’s Creed premier du nom, la trilogie que forment Assassin’s Creed 2, Brotherhood et Revelations, mais aussi Borderlands 1 et 2. Un artiste important, respecté et à suivre absolument.
L’été est terminé… merci de vouloir reprendre une activité normale.