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Musique de film : Le Monde de Dory de Thomas Newman

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Déjà treize ans que Le Monde de Némo a émergé des profondeurs de l’océan à idées Pixar. Pour cette suite mettant à l’honneur le poisson bleu Dory et ses troubles de la mémoire immédiate, le réalisateur Andrew Stanton a de nouveau fait appel à son chouchou Thomas Newman pour la musique. Il faut dire que ces deux hommes-là s’entendent particulièrement bien artistiquement, comme nous l’a aussi prouvé Wall-E, une autre de leur collaboration. La magie opère-t-elle toujours au sein de cette fine équipe ? C’est de saison, alors chaussez vos palmes, n’oubliez pas votre masque et le tuba qui va bien : c’est parti pour le grand plongeon.

Alors déjà, Thomas Newman n’est pas un débutant, oh que non. Il est membre d’une véritable dynastie de compositeurs hollywoodiens. Pour ne citer qu’eux : papa Alfred a raflé pas moins de neufs Oscars, cousin Randy est un auteur-compositeur reconnu et un pilier de chez Pixar, et frérot David a écrit la bande originale de plus de soixante films. On aime la musique dans la famille Newman, pas de doutes !

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Pour la petite anecdote, sache, ô lecteur, qu’en 1983 (un an avant la signature de son premier film en tant que compositeur), Thomas est invité par un ami de la famille pour travailler sur l’orchestration de la scène où Darth Vador meurt dans Le Retour du Jedi. Ah oui au fait… l’ami de la famille en question c’est John Williams. Excusez du peu. Vous pouvez regarder, et bien écouter, la séquence en cliquant ici. Cette amitié de longue date explique d’ailleurs peut-être aussi le fait que Thomas Newman a pris les commandes de la musique du Pont des espions, le Steven Spielberg de 2015. CQFD.

Mais revenons à nos poissons. Dès les deux premiers titres Kelpcake et Finding Dory (Main Title) on est dans du Thomas Newman pur jus. Le maestro a, il faut le dire, une emprunte harmonique et sonore bien à lui. Il utilise ici, comme souvent dans ses précédents travaux, un piano, les cordes pincées de l’orchestre, des guitares, une basse électrique au son profond (ça tombe plutôt bien), de très nombreuses percussions, des timbales, le vibraphone et le tympanon, un instrument folklorique moyenâgeux. Tout cet arsenal d’instruments (et d’autres comme la vielle, la cithare, et le psaltérion), on les retrouve très souvent dans nombre de ses précédentes productions. Citons en particulier American Beauty de Sam Mendes et Erin Brockovich de Steven Soderbergh qui ont définitivement imposé son style musical. Le monde de la télé a d’ailleurs succombé aux charmes du compositeur avec la série Six Feet Under et son sublime générique, visuellement et musicalement (petite piqûre de rappel, rien que pour le plaisir).

Une utilisation originale et bien sentie de samples vocaux se fait entendre dans No Walls. Pour le plus grand plaisir de nos oreilles, au milieu du morceau, une scie musicale vient même s’inviter dans un passage atmosphérique de très bon goût.

Okay with Crazy expose un thème imparable, récurrent dans la bande originale, et joué avec une flûte traversière à la couleur très années 70, que le cinéma de blaxploitation ne renierait pas. En se servant du même motif harmonique, Newman nous immerge avec plaisir dans le final électro/disco de Nobody’s Fine.

On notera une très grande maîtrise de la narration musicale par l’artiste, comme dans Becky Flies qui enchaîne ses différentes parties comme des perles. On est sur un rail, tout se déroule naturellement. La progression et l’arrangement de l’ensemble sont très inventifs et on se laisse prendre par la main, le sourire aux lèvres. Décidément, que de raffinement dans la direction musicale de cette bande originale.

Thomas Newman parle ainsi de son art : « J’assimile la musique à du maquillage sur un visage. Au pire, c’est criard et exagéré. Au mieux, vous ne le remarquez pas et cela met en valeur les plus belles qualités » (Source : Variety). 

Pour ceux qui n’ont pas encore vu le film, le morceau Sigourney Weaver illustre une scène où l’on entend la voix de l’actrice. Dans la version française c’est Claire Chazal qui s’y colle… un choix vraiment curieux, comme si en France on n’avait pas d’actrices à la voix identifiable par le plus grand nombre. Je ne sais pas moi ? Fanny Ardant, Isabelle Adjani, Charlotte Gainsbourg, Brigitte Lahaie, Clara Morgane. La liste et longue bon sang, et c’est Claire Chazal qui a été choisie. Alors méditons sur cela mes chers compatriotes et disons-nous qu’après tout, n’avons-nous pas que ce que l’on mérite ?…

C’est donc du Thomas Newman de grande qualité que nous propose Le Monde de Dory. De très jolies harmonies, des instruments originaux et variés, un sens aigu de l’écriture musicale, de l’originalité, de l’humour et un grand bol d’air frais. Quoi de mieux en cette période de grandes chaleurs. Certains compositeurs devraient vraiment en prendre de la graine. Mais non Brian Tyler, ce n’est pas pour toi que je dis ça… Retourne plutôt faire du bruit avec tes gros tambours et ferme bien la porte, ça fera le plus grand bien à tout le monde.

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