Big John est de retour pour un deuxième album studio paru en avril dernier, tout juste un an après la première mouture sortie en 2015. Le réalisateur et compositeur propose des instrumentaux comme s’ils étaient tout droit sortis de films imaginaires. John Carpenter’s Lost Themes II est-il un petit frère sage ou ose-t-il de nouveaux horizons musicaux ?
Pour les quelques lecteurs ne connaissant pas plus que ça le bonhomme, sachez que John Carpenter a cette rare particularité de composer lui-même les bandes originales de ses propres films. À quelques exceptions près, dont The Thing mis en musique par Ennio Morricone (excusez du peu !), il a toujours tenu à illustrer musicalement ses œuvres. Il considère cet acte comme la touche finale, le verni émotionnel ultime à ses longs métrages. Une bien noble intention artistique.
Ce cinéaste rebelle, bien à l’écart du bling-bling hollywoodien, a posé les bases de cette démarche avec l’excellent triptyque Assaut/Halloween, La Nuit des masques/Fog dont les compositions font corps avec l’image et révèlent une originalité et une inspiration indéniables.
La suite sera malheureusement plus discutable avec une fâcheuse tendance à vouloir trop coller à la couleur des productions musicales des années 80. Eh oui… certaines sonorités vieillissent mieux que d’autres et la limite entre le génial et le mauvais goût est souvent ténue.
Les albums Lost Themes ne sont en rien, comme leur titre pourrait le suggérer, une compilation de thèmes inédits non utilisés dans ses œuvres cinématographiques. Que nenni ! On est bien là face à des compositions originales réalisées en studio avec l’aide de son fils Cody (clavier) et Daniel Davies (guitare). C’est à l’auditeur d’imaginer son propre film.
Le postulat est louable, mais qu’en est-il du résultat ? Et bien il faut avouer que le premier opus a divisé. Soit on crie au génie, soit on trouve tout cela bien kitch. C’est d’ailleurs dans cette deuxième voie que l’avis de notre regretté Sheppard a vacillé, comme vous pouvez le lire ici.
Après un départ en fanfare avec Distant Dream et sa batterie survoltée, le trio a enfilé ses chaussons pour nous proposer des compositions dans la droite lignée du précédent opus.
Des parties très différentes sont présentes dans un même morceau comme c’est le cas dans White Pulse qui se découpe en trois mouvements. Ce n’est pas que cela soit une mauvaise idée, bien au contraire, mais un travail sur les transitions n’aurait pas été de trop au lieu de faire cela à la serpe !
Les sympathiques Dark Blues et Real Xeno sont heureusement de la partie avec leurs guitares électriques s’aventurant dans un solo pour l’un et un bon riff rock pour l’autre. Et pour rester sur la six cordes, on notera l’utilisation d’un acoustique très trafiqué numériquement sur la fin de Angel’s Asylum.
John Carpenter et sa petite bande nous emmènent avec Lost Themes II dans un voyage… bien ennuyeux. Un manque d’inspiration certain est à noter par rapport au premier du nom. On préférera aller fouiner dans les travaux de ses disciples spirituels tels que Disasterpeace, avec la bande originale de It Follows, ou la synthwave de Perturbator et ses potes, histoire d’avoir un peu de sensations fortes. Réfléchissez bien les gars avant de vous lancer dans un numéro 3.
John Carpenter’s Lost Themes II est distribué par Sacred Bones Records.