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OST The Revenant (Milan Records) : Music Mini Review

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Ryuichi Sakamoto et Alva Noto

Ryuichi Sakamoto et Alva Noto

Il est des œuvres cinématographiques plus attendues que d’autres, par la personnalité de leurs réalisateurs. The Revenant d’Alejandro González Iñárritu est de celles-ci. Sorti en janvier dernier aux USA (nous l’aurons en France le 24 février, patience !), fort de nombreuses projections à la presse et de multiples avant-premières à travers le monde, le film possède une très solide réputation. Les critiques sont unanimement très bonnes. La bande originale est le résultat d’une coopération entre trois compositeurs venant d’univers différents, dont l’immense Ryuichi Sakamoto. On lui doit notamment les musiques de Furyo (Nagisa Ōshima, 1983), Le Dernier Empereur (Bernardo Bertolucci, 1987) ou Snake Eyes (Brian De Palma, 1998) pour ne citer qu’eux. De quoi titiller nos oreilles toujours avides de découvertes.

Soulignons d’emblée qu’Alejandro González Iñárritu est un réalisateur considérant la musique comme un acteur à part entière dans ses films. L’homme est ouvert à l’expérimentation comme il nous l’a démontré, et de fort belle manière, avec la bande-son de Birdman, son précédent effort, entièrement réalisé à la batterie par le jazzman mexicain Antonio Sanchez (vous pouvez lire l’article la concernant ici).

Comme nous l’explique Ryuichi Sakamoto dans cette interview très intéressante accordée à Vanity Fair, Iñárritu souhaitait dès le départ un mélange de couches de sons acoustiques et électroniques. Sakamoto s’est adjoint pour cela les services de l’Allemand Alva Noto, spécialiste de l’expérimentation en musique électronique. Les deux compositeurs avaient déjà collaboré dans les années 2000 en publiant ensemble plusieurs albums de recherches sonores mariant le piano et les machines. 

Ryuichi Sakamoto et Alva Noto

Ryuichi Sakamoto et Alva Noto

Concernant le processus de travail musical appliqué dans The Revenant, soit Sakamoto composait les musiques seul, soit il échangeait des fichiers avec Alva Noto pour composer ensemble grâce à de nombreux allers-retours créatifs.

On remarquera la présence plus discrète de l’Américain Bryce Dessner, entre autre guitariste du groupe indépendant The National. Il a réalisé les musiques additionnelles du score et n’a pas été en collaboration directe avec ses deux autres collègues.

Son travail est très inspiré de celui du duo pour donner de la cohérence à l’ensemble. Il suffit d’écouter Imagining Buffalo et Looking for Glass pour s’en apercevoir de manière évidente.

Plongeons-nous maintenant dans ce véritable univers sonore qui nous est proposé.

Dès la première piste, le thème principal est exposé par Sakamoto. Sans fioriture aucune, la section de cordes prend le temps de jouer un motif mélodique lancinant et minimaliste. Le style atmosphérique qui va nous accompagner tout au long de l’écoute est posé.

Le morceau suivant, Hawk Punished, voit l’arrivée d’Alva Noto, immédiatement reconnaissable par ses expérimentations sur les artéfacts sonores et autres anomalies qu’il manipule et sculpte pour en faire ressortir des textures uniques. L’autre particularité de l’Allemand est l’exploitation de sons souvent percussifs évoluant dans les fréquences basses du spectre audio.

L’excellent Powaqa Rescue est l’exemple parfait de cette symbiose entre les deux artistes. Il nous est proposé ici une véritable ballade dans une vaste contrée de sons qui se déflorent peu à peu à nos oreilles.

Dans le même esprit, First Dream donne à écouter la plainte mélodique d’un violon au gré de la construction musicale du titre qui se dessine peu à peu.

Sakamoto nous régale avec Out of Horse et son utilisation du thérémine. C’est pour lui le prétexte d’écrire une mélopée fantomatique jouée par cet instrument si particulier, ancêtre des outils de musique électronique actuels.

Toutes ces compositions sont très contemplatives. Il n’y a seulement que Cat & Mouse et Final Fight qui font exception en laissant apparaître des rythmiques. Pour la première, elle se fabrique avec des percussions classiques, trafiquées et des mains qui se tapent entre elles. Quant à la seconde, le rythme est seulement interprété avec les toms d’une batterie jouée de manière très libre, agressive et folle.

Une pérégrination musicale nous est proposée dans The Revenant. Les textures sonores ont toujours pour but de servir les très belles mélodies composées par le duo Sakamoto/Noto. Une véritable invitation à la rêverie, les oreilles toutes grandes ouvertes.


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