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Channel: Yann Cléophas – Daily mars
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Musique de film : 10 Cloverfield Lane de Bear McCreary

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10-cloverfield-LaneD’après les échos que l’on peut avoir sur le net et dans les colonnes du Daily Mars, 10 Cloverfield Lane risque d’être l’une des bonnes surprises cinématographiques de ce premier trimestre 2016. Cette suite (?) de Cloverfield, sorti en 2008 et réalisé par Matt Reeves, permet à J.J. Abrams de revêtir à nouveau sa casquette de producteur et ainsi se plonger dans un univers mêlant thriller, angoisse et fantastique. C’est l’américain Bear McCreary, surtout connu pour son excellent travail sur les séries Battlestar Galactica et The Walking Dead, qui a été choisi comme compositeur de cette plongée en eaux troubles. C’est sa première réelle incursion sur grand écran.

Bear McCreary a su nous faire entendre dans ses précédents travaux qu’il aimait les mélodies bien écrites et les instruments venant des quatre coins du globe.

Il faut dire qu’il a été à bonne école car il fut le disciple d’Elmer Bernstein, grand compositeur hollywoodien et responsable des partitions des 10 Commandements de Cecil B. DeMille, des Sept Mercenaires de John Sturges et des Nerfs à Vif de Martin Scorsese pour ne citer que ceux-là. Sa filmographie s’étend sur un demi-siècle de cinéma et vous avez à coup sûr entendu ses notes à un moment ou à un autre.

Le jeune McCreary apprit une leçon fondamentale de son mentor, celle de toujours ouvrir un film par un seul et unique instrument, et ce durant au moins quelques secondes. Le but de la manœuvre étant de capter l’attention du spectateur, le plonger sensoriellement dans l’univers du métrage, avant qu’il ne soit distrait par la mise en scène, l’histoire, les acteurs, et tout ce qui fait un film en somme.

Bear McCreary

Dans 10 Cloverfield Lane, l’élève applique la leçon du maître et débute sa musique par les notes d’un yaylı tambur, instrument turque au son très particulier doté d’un long manche et se jouant à l’archet. Le titre Michelle commence et se déroule en exposant le thème principal (et unique…) du film.

Il est temps de préciser que c’est une bande originale très sombre qui va se jouer à nous. Les harmonies mineures sont de sortie. L’orchestration est dominée par les cordes, les flûtes et des touches de cuivres souvent présentes quand les tambours grondent et claques. 

Le glockenspiel est aussi très présent et fait partie de la couleur sonore de l’ensemble en apparaissant dès le troisième morceau, Howard. Cet instrument à percussion, composé de lames de métal, joué au maillet est depuis fort longtemps utilisé dans les films fantastiques. Il emmène l’auditeur dans une ambiance bien particulière et souvent irréelle.    

On remarque la maîtrise du compositeur à nous narrer une histoire en musique. Up Above en est un exemple frappant. Il s’ouvre sur une harmonie majeure pleine d’espoir, un rayon de soleil en comparaison à l’obscurité dans laquelle nous étions plongés jusqu’alors. Tout à coup, le chaos revient et s’installe jusqu’au final dissonant et angoissé joué par les violons.

L’ensemble du score interprété par l’orchestre s’articule sur un tempo lent et des notes tenues. Nous serons néanmoins bousculés par des rythmiques venant inopinément gronder dans des accélérations métronomiques comme c’est le cas dans At the Door, The Burn et Valencia.

Le sympathique Hazmat Suit illustre aussi très bien cette intention en mêlant, comme dans les trois morceaux précédemment cités, des sons électroniques aux percussions de l’orchestre insufflant ainsi plus d’ampleur et une touche résolument moderne. Le thème se développe au gré d’une partie virevoltante jouée par les cordes et faisant penser au travail de Hans Zimmer sur les Batman de Christopher Nolan.

Le thème… parlons-en du thème ! Assurément le point noir de ces quatorze titres. Ce n’est pas qu’il est mauvais, loin de là. Le souci réside dans le fait qu’il est présent dans absolument toutes les compositions de cette bande originale. Au bout d’un moment, on est saoulés par ces notes qui surgissent constamment et n’offrent plus de surprises, d’idées fraîches, d’harmonie et de mélodies nouvelles. C’est bien dommage.

Nous sommes ici en présence d’une musique de qualité mais souffrant cruellement de répétitions, de redites. Bear McCreary ne nous surprend pas comme il l’a fait auparavant dans Battlestar Galactica. Il n’a malheureusement pas su se renouveler dans le déroulement de ses compositions. Il ne réussit pas à transcender son travail de ce petit grain de folie et ce goût pour l’exploration sonore et harmonique que le monsieur possède et qu’il nous a déjà fait écouter. Peut-être la prochaine fois ?   

La BO de 10 Cloverfield Lane est disponible en téléchargement numérique et est éditée par Sparks & Shadows.


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